Préface des Éditions de Londres

L’Éducation sentimentale, histoire d’un jeune homme est un roman de Gustave Flaubert publié en 1869.

Frédéric Moreau, jeune homme, rentrant chez lui par le bateau qui remonte la Seine, aperçoit une femme, Marie Arnoux, dont il tombe follement amoureux au premier regard. C’est un amour impossible, car Marie est mariée et fidèle à son mari. Mais après cette rencontre, tout ce qu’entreprendra Frédéric sera dicté par cet amour. Il voudra vivre à Paris pour être près d’elle et toutes ses tentatives amoureuses échoueront dès qu’il repensera à elle.

L’histoire se déroule de 1840 à 1867 pendant cette période troublée du XIXe siècle avec l’abandon en 1848 de la monarchie de juillet pour la seconde république puis en 1852 l’avènement de l’empire de Napoléon III.

C’est un roman largement autobiographique dans lequel Marie Arnoux peut être identifiée à Élisa Schlésinger à qui Flaubert voua un amour passionné tout au long de sa vie.

Le roman, qui est souvent considéré comme le chef-d’œuvre de Flaubert, fut mal reçu par le public à sa parution. Il est pourtant remarquable par la qualité et la beauté de ses descriptions.

Le contexte historique

Le roman fait de longs récits des évènements qui se déroulent à Paris pendant la période de 1840 à 1867.

En 1830, suite aux émeutes que l’on a nommées « Les trois glorieuses », la monarchie de juillet du roi Louis-Philippe a été instaurée remplaçant La restauration. C’est une monarchie contrôlée par un parlement élu au suffrage censitaire. C’est une époque de profondes mutations sociales, économiques et politiques qui voit la bourgeoisie arriver au pouvoir et la révolution industrielle.

Cette révolution industrielle enrichit les entrepreneurs, mais entraîne la paupérisation des ouvriers et des paysans.

En 1846, les récoltes sont très mauvaises. Le prix du blé augmente entraînant la disette et une baisse de la consommation industrielle. Les patrons licencient et les faillites se multiplient.

Guizot qui est Premier ministre n’écoute pas les revendications et refuse de changer de ligne politique. Il se met ainsi à dos la bourgeoisie, support du régime.

À partir de 1846, les manifestations ouvrières se développent et pour contourner l’interdiction de rassemblement, l’opposition ouvrière organise des banquets.

L’interdiction du banquet de Paris qui était prévu le 14 janvier 1848 va entraîner la chute du régime.

Devant l’insurrection qui suit cette interdiction et l’envahissement du Palais Royal, Louis-Philippe abdique le 24 février et s’enfuit de Paris. Les députés réunis à l’Hôtel de Ville, le Palais Bourbon ayant été envahi, confient le pouvoir à un gouvernement provisoire et Alphonse de Lamartine proclame la Deuxième République.

Des Ateliers nationaux sont créés pour occuper les ouvriers chômeurs. Le coût de ces ateliers est exorbitant et le 21 juin la Commission exécutive décrète leur fermeture. Aussitôt, les ouvriers se révoltent et dressent des barricades dans Paris. La révolte est durement réprimée par le général Cavaignac. Il y aura 4 000 morts parmi les manifestants et 1.600 parmi les forces de l’ordre. L’archevêque de Paris, Monseigneur Affre, est tué sur les barricades et le général Bréa est tué par les insurgés.

Le 24 avril 1848, une Assemblée nationale modérée est élue au suffrage universel masculin. Le 4 novembre 1848, la constitution de la 2e république est votée par l’Assemblée nationale. Le 11 décembre 1848, le premier président de la République est élu au suffrage universel masculin pour quatre ans. C’est Louis-Napoléon Bonaparte qui remporte les élections.

La Constitution interdit au président de se représenter au terme de son mandat. Louis-Napoléon Bonaparte veut garder le pouvoir. Il fait pression en vain pour que la Constitution soit réformée.

Ne pouvant obtenir la modification de la Constitution, Louis-Napoléon Bonaparte organise alors le « Coup d’État du 2 décembre 1851 » en proclamant la dissolution de l’Assemblée nationale. Il convoque les Français pour un plébiscite au suffrage universel masculin organisé les 20 et 21 décembre instaurant un régime autoritaire. Le oui l’emporte à plus de 90 %.

Le 2 décembre 1852, après avoir organisé un nouveau plébiscite, Louis-Napoléon Bonaparte se fait proclamer empereur sous le nom de Napoléon III.

L’empire durera jusqu’à la guerre de 1870.

Les personnages principaux du roman

Frédéric Moreau : le héros du roman. Il a 18 ans au début du roman. Il est sentimental, désintéressé et irrésolu. Toutes ses actions sont liées à l’amour impossible qu’il voue à Mme Arnoux.

Monsieur Arnoux : c’est un bourgeois libertin. Il est au début marchand d’art, mais change sans cesse d’activité en se lançant dans des affaires de plus en plus véreuses. Il est infidèle à sa femme même s’il lui voue un réel amour et n’imaginerait pas de pouvoir la quitter.

Marie Arnoux : le grand amour impossible de Frédéric. Elle est sincère et fidèle à son mari même si celui-ci la trompe et est à l’origine de tous les problèmes du ménage.

Rosanette (Rose-Annette Bron) : fille entretenue jeune et jolie, typique du XIXe siècle. Elle est capricieuse et dépensière. Frédéric veut être son amant pour briller dans la société.

Madame Dambreuse : c’est une aristocrate femme d’un riche entrepreneur. Frédéric admirant le monde dans lequel elle vit parviendra à la séduire.

Mademoiselle Louise : C’est une jeune fille de province qui habite à côté de la maison familiale de Frédéric. Il jouait avec elle quand elle était petite fille et elle est depuis l’enfance amoureuse de Frédéric. Madame Moreau, la mère de Frédéric, souhaiterait qu’il se marie avec elle pour rester en province.

Deslauriers : camarade d’enfance de Frédéric. Ils sont inséparables même s’ils sont très différents. Autant Frédéric est rêveur et désintéressé, autant Deslauriers est conduit par son désir de réussir et de briller.

Résumé du livre

L’histoire commence le 15 septembre 1840, Frédéric Moreau, alors âgé de dix-huit ans rentre chez sa mère à Nogent-sur-Seine par le bateau La ville de Montereau qui remonte la Seine. Il revient de rendre visite à son vieil oncle dont il espère hériter.

Sur le bateau, il fait la connaissance de Jacques Arnoux, propriétaire du journal d’art, l’Art industriel, qui voyage avec sa femme. Lorsque Frédéric aperçoit madame Arnoux, c’est pour lui comme une apparition, il en tombe profondément amoureux.

Deux mois plus tard, Frédéric s’installe à Paris pour y suivre des études de droit. Très vite, il s’ennuie et délaisse ses études. Rien ne l’intéresse, sa pensée est complètement occupée par madame Arnoux qu’il essaye de rencontrer.

L’année suivante, Frédéric reprend ses études. Il fait la connaissance de Hussonnet qui travaille pour Arnoux et grâce à Hussonnet, Frédéric fréquente régulièrement le magasin d’Arnoux, espérant entrevoir Mme Arnoux. Enfin un jour, il est invité par Arnoux à dîner chez lui et il peut enfin la rencontrer.

Il peut participer toutes les semaines à un repas organisé chez les Arnoux. Il adore Mme Arnoux sans oser le lui avouer : « Il (Frédéric) ne parlait guère pendant ces dîners ; il la contemplait. Elle avait à droite, contre la tempe, un petit grain de beauté ; ses bandeaux étaient plus noirs que le reste de sa chevelure et toujours comme un peu humides sur les bords ; elle les flattait de temps à autre, avec deux doigts seulement. Il connaissait la forme de chacun de ses ongles, il se délectait à écouter le sifflement de sa robe de soie quand elle passait auprès des portes, il humait en cachette la senteur de son mouchoir ; son peigne, ses gants, ses bagues étaient pour lui des choses particulières, importantes comme des œuvres d’art, presque animées comme des personnes ; toutes lui prenaient le cœur et augmentaient sa passion. »

La vie de Frédéric continue ainsi pendant toute sa deuxième année d’études sans qu’il ose se déclarer. À la fin de l’année, il rentre chez sa mère qui lui apprend qu’ils sont ruinés.

Frédéric, sans argent, est alors contraint de rester à Nogent. Dans son ennui, il se lie d’amitié avec Louise, la petite fille espiègle du voisin, Mr Roque. Il en oublie son amour pour Mme Arnoux : « À force d’avoir versé sa douleur dans ses lettres, de l’avoir mêlée à ses lectures, promenée dans la campagne et partout épandue, il l’avait presque tarie, si bien que Mme Arnoux était pour lui comme une morte dont il s’étonnait de ne pas connaître le tombeau, tant cette affection était devenue tranquille et résignée. »

Après trois années en province, il reçoit une lettre lui annonçant qu’il hérite de son riche oncle. Aussitôt, il décide de retourner vivre à Paris pour retrouver Mme Arnoux.

À Paris, Frédéric cherche pendant trois jours les Arnoux qui ont quitté l’Art industriel et déménagé. Quand il les retrouve, il est déçu de l’accueil que lui fait Mme Arnoux qui semble l’ignorer.

Quelques jours plus tard, Arnoux entraîne Frédéric dans une soirée de demi-mondaines où il fait la connaissance de Rosanette, la maîtresse d’Arnoux. Cette soirée lui donne envie de profiter des femmes et du luxe de la vie parisienne.

Après s’être installé dans un appartement, il se met à fréquenter le monde de Paris et se fait inviter par les Dambreuse à leur soirée.

Frédéric est partagé entre son grand amour pour Mme Arnoux et son envie de briller auprès de Rosanette qui le traite en camarade. Il rend visite alternativement à l’une et à l’autre.

Un jour, Frédéric arrive chez les Arnoux au milieu d’un drame de ménage. Mme Arnoux a découvert que son mari avait offert un châle en cachemire à Rosanette. Frédéric devient alors le confident de Mme Arnoux, il la visite tous les jours et délaisse Rosanette.

Cependant, après quelques semaines, il se fâche avec Arnoux qui ne lui rend pas l’argent qu’il lui a prêté. Il comprend qu’il n’y a pas d’espoir qu’Arnoux et sa femme se séparent et il décide de ne plus leur rendre visite.

Il n’y va plus, mais c’est Mme Arnoux qui vient lui rendre visite, mandaté par son mari, le priant d’aller chez les Dambreuse lui demander de retarder les poursuites pour le recouvrement de billets qu’Arnoux avait signés. Il se trouve alors à nouveau submergé par des flots de tendresse envers Mme Arnoux.

Ayant accompli sa mission, Frédéric est surpris de ne pas recevoir de remerciements. Il craint alors qu’il soit arrivé un malheur aux Arnoux. Il se rend chez eux, apprend que Mme Arnoux est à la fabrique à Creil. Alors qu’il a rendez-vous avec Mr Dambreuse qui lui a proposé un poste important, il se précipite à Creil.

À Creil, il rencontre Mme Arnoux qui lui fait visiter la fabrique. Seul avec elle, il veut lui déclarer son amour, mais les réponses de Mme Arnoux le glacent et il n’y parvient pas. « Ce qu’il éprouva d’abord, ce fut une stupéfaction infinie. Cette manière de lui faire comprendre l’inanité de son espoir l’écrasait. Il se sentait perdu comme un homme tombé au fond d’un abîme, qui sait qu’on ne le secourra pas et qu’il doit mourir. »

En rentrant chez lui, il trouve une lettre de Rosanette qui lui demande de la conduire aux courses le lendemain. Il décide d’y aller. Il se trouve que Mme Arnoux assiste aussi aux courses et aperçoit Frédéric avec Rosanette. Frédéric est désespéré. « Frédéric, qui, affaissé dans le coin de la berline, regardait à l’horizon le milord (la voiture de Mme Arnoux) disparaître, sentant qu’une chose irréparable venait de se faire et qu’il avait perdu son grand amour. Et l’autre était là, près de lui, l’amour joyeux et facile ! Mais, lassé, plein de désirs contradictoires et ne sachant même plus ce qu’il voulait, il éprouvait une tristesse démesurée, une envie de mourir. »

Le soir, Frédéric et Rosanette dînent au café Anglais dans un cabinet particulier. Rosanette est tendre, mais ils sont interrompus par Hussonnet qui vient se joindre à eux puis quand Hussonnet part, c’est Cisy qui arrive. Finalement, l’espoir de Frédéric de passer la nuit avec Rosanette est déçu, elle part avec Cisy.

À un repas organisé par Cisy, celui-ci parle mal d’Arnoux et de sa femme. Frédéric se fâche et lui envoie son assiette à la tête. Cela motive un duel. Un duel à l’épée est organisé. Cisy est paniqué à l’idée de se battre. Quand le duel commence, il se trouve mal et se blesse en tombant. On entend crier « Arrêtez ». C’est Arnoux qui arrive. Le duel est arrêté.

Frédéric est dégoûté de la vie parisienne, de plus il perd une grosse fortune en bourse. Il décide alors de rentrer à Nogent où sa mère voudrait lui faire épouser la voisine qu’il a connue petite fille, Louise Roque.

Le père Roque souhaite ce mariage, Louise est amoureuse, Frédéric est flatté de cet amour si bien que dès son arrivée à Nogent, « sans qu’aucun engagement eût été pris, Frédéric passait pour “le futur” de Mlle Louise ; et le père Roque, peu scrupuleux, les laissait ensemble quelquefois. »

Les pressions que Frédéric subit pour qu’il se marie, l’amour de Louise lui font peur et il décide de repartir à Paris pour réfléchir avant de se déclarer.

À son retour à Paris, il reçoit un message de Rosanette lui demandant de passer la voir. Il y va. Rosanette est la maîtresse d’un homme très riche. Il est déçu et la quitte rapidement.

Il croise dans la rue Mme Arnoux qui reste froide vis-à-vis de lui, mais il en est quand même ravi.

Quelques jours plus tard, il doit se rendre à l’atelier d’Arnoux où il trouve Mme Arnoux seule. Alors il déclare son amour. Il comprend qu’elle l’aime aussi, mais qu’elle refuse cet amour. Il lui rend visite tous les jours dans sa maison d’Auteuil où elle est seule. Ils se confient l’un à l’autre tout en refusant de s’appartenir.

Une fois qu’elle est rentrée à Paris, leurs rencontres sont plus difficiles. Il lui demande alors de sortir avec lui dans la rue et elle accepte un rendez-vous. Frédéric espère la convaincre d’entrer dans une maison. Il loue dans ce but une garçonnière près de l’endroit de leur rendez-vous.

Mme Arnoux ne vient pas au rendez-vous, car son fils est tombé gravement malade. Ce n’est que le soir, lorsque le médecin déclare que l’enfant est sauvé, qu’elle repense à Frédéric : « Tout à coup, l’idée de Frédéric lui apparut d’une façon nette et inexorable. C’était un avertissement de la Providence. Mais le Seigneur, dans sa miséricorde, n’avait pas voulu la punir tout à fait ! Quelle expiation, plus tard, si elle persévérait dans cet amour ! Sans doute, on insulterait son fils à cause d’elle ; et Mme Arnoux l’aperçut jeune homme, blessé dans une rencontre, rapporté sur un brancard, mourant. D’un bond, elle se précipita sur la petite chaise ; et de toutes ses forces, lançant son âme dans les hauteurs, elle offrit à Dieu, comme un holocauste, le sacrifice de sa première passion, de sa seule faiblesse. »

Frédéric est meurtri que Mme Arnoux ne soit pas venue et décide de ne plus la voir. Il va voir Rosanette. Elle est effrayée parce que la Révolution gronde dans Paris et son riche bienfaiteur est parti. Ils vont dîner et Frédéric entraîne Rosanette dans l’appartement qu’il avait loué pour y amener Mme Arnoux. Il peut enfin posséder Rosanette.

Les jours suivants, Frédéric rencontre régulièrement Rosanette et ils vivent ensemble les péripéties de la révolution de 1848.

Mr Dambreuse vient voir Frédéric pour lui suggérer de se présenter à la députation dans l’Aube avec son appui. Frédéric est enthousiasmé à l’idée. Mais lorsqu’il essaye de présenter sa candidature dans un club, on ne le laisse pas parler. Il est alors dégoûté et abandonne l’idée de la députation.

Frédéric retourne auprès de Rosanette. Son protecteur est parti, elle est libre, mais ruinée. Frédéric l’entretient et va coucher chez elle tous les soirs.

Frédéric souhaitant quitter Paris, Rosanette et lui partent en vacances à Fontainebleau. Ils visitent le château et se promènent dans la campagne. Pendant que l’on se bat à Paris, ils vivent heureux et détendus : « Il ne doutait pas qu’il ne fût heureux pour jusqu’à la fin de ses jours, tant son bonheur lui paraissait naturel, inhérent à sa vie et à la personne de cette femme. Un besoin le poussait à lui dire des tendresses. Elle y répondait par de gentilles paroles, de petites tapes sur l’épaule, des douceurs dont la surprise le charmait. Il lui découvrait enfin une beauté toute nouvelle, qui n’était peut-être que le reflet des choses ambiantes, à moins que leurs virtualités secrètes ne l’eussent fait s’épanouir. »

Mais Frédéric apprend que son ami Dussardier est blessé, il veut aussitôt rentrer à Paris pour s’en occuper. Rosanette essaye en vain de le retenir. Le retour est difficile et Rosanette refuse de continuer jusqu’à Paris et reste à Corbeil.

En arrivant à Paris, Frédéric est arrêté comme espion. Ce n’est que le lendemain qu’il peut rendre visite à son ami.

Frédéric est invité chez les Dambreuse et se retrouve au repas où sont aussi invités les Arnoux et Roque et sa fille Louise. Mme Arnoux l’ignore et Louise le regarde avec passion. Frédéric est très flatté que Mme Dambreuse lui parle très gentiment.

En fin de soirée, Louise parvient à parler à Frédéric et lui reparle de mariage. Frédéric lui répond de façon embrouillée qu’il faut attendre. Dans la nuit, Louise veut continuer la conversation et décide de se rendre chez Frédéric qui, lui, est allé chez Rosanette. La concierge lui apprend qu’il n’est pas là et qu’il découche toutes les nuits.

Frédéric vit régulièrement avec Rosanette. Arnoux le supplie de revenir leur rendre visite. Frédéric se décide à y aller. Il trouve Mme Arnoux seule. Elle lui explique pourquoi elle n’était pas venue au rendez-vous. Alors ils s’étreignent amoureusement. Mais Rosanette arrive et les surprend et oblige Frédéric à rentrer avec elle.

Quand ils rentrent chez Rosanette, Frédéric est très en colère après elle. Elle lui apprend alors qu’elle est enceinte. Frédéric se sent obligé de rester auprès d’elle, mais tous les défauts de Rosanette lui apparaissent.

Dès que les soirées de Mme Dambreuse recommencent, il se rend tous les soirs chez eux où il est très bien accueilli. Il courtise Mme Dambreuse et rêve d’en faire sa maîtresse. « Il la convoitait comme une chose anormale et difficile, parce qu’elle était noble, parce qu’elle était riche, parce qu’elle était dévote, – se figurant qu’elle avait des délicatesses de sentiment, rares comme ses dentelles, avec des amulettes sur la peau et des pudeurs dans la dépravation. »

De son côté, Rosanette qui a besoin d’argent recommence à voir des hommes.

Frédéric arrive enfin à ses fins avec Mme Dambreuse et obtient un dîner en tête à tête qui sera suivi par des rendez-vous réguliers.

M. Dambreuse tombe malade et meurt rapidement. Quand Frédéric retrouve Mme Dambreuse, il constate qu’elle est très satisfaite de la mort de son mari. Elle lui explique qu’elle a convaincu son mari de lui léguer toute sa fortune alors qu’elle craignait qu’il la lègue à sa fille illégitime. Enfin, elle lui demande s’il veut l’épouser.

Le lendemain, c’est la désillusion, le notaire a montré un testament où M. Dambreuse lègue toute sa fortune à sa fille. L’autre testament qu’il avait fait pour léguer sa fortune à Mme Dambreuse est perdu, il l’a sans doute détruit. Mme Dambreuse a toutefois une rente lui permettant de vivre aisément.

Rosanette accouche. Frédéric se sent obligé de rester auprès d’elle. Il passe ses après-midi chez Mme Dambreuse et ses nuits chez Rosanette mentant à l’une et l’autre alors qu’il pense toujours à Mme Arnoux : « Bientôt, ces mensonges le divertirent ; il répétait à l’une le serment qu’il venait de faire à l’autre, leur envoyait deux bouquets semblables, leur écrivait en même temps, puis établissait entre elles des comparaisons ; – il y en avait une troisième toujours présente à sa pensée. L’impossibilité de l’avoir le justifiait de ses perfidies, qui avivaient le plaisir, en y mettant de l’alternance ; et plus il avait trompé n’importe laquelle des deux, plus elle l’aimait, comme si leurs amours se fussent échauffés réciproquement et que, dans une sorte d’émulation, chacune eût voulu lui faire oublier l’autre. ».

L’enfant de Rosanette meurt.

Frédéric apprend qu’Arnoux devait trouver douze mille francs sinon il se retrouverait en prison. Ne pouvant pas payer, Arnoux va s’embarquer au Havre avec sa femme pour s’exiler.

Frédéric veut absolument empêcher qu’ils ne partent. Il va demander les douze mille francs à Mme Dambreuse pour les donner à Arnoux. Mais Arnoux et sa femme sont déjà partis. Frédéric n’avait pas dit l’utilisation qu’il voulait faire de l’argent, mais Mme Dambreuse apprend très vite que c’est pour retenir Mme Arnoux.

Mme Dambreuse, pour se venger veut réclamer le paiement de billets remis par Arnoux à M. Dambreuse et paraphés par Mme Arnoux. Elle fait appel pour cela à Deslauriers.

Frédéric voit que les meubles des Arnoux vont être vendus. Il croit que c’est Rosanette qui les poursuit et se dispute avec elle et la quitte définitivement.

Son mariage avec Mme Dambreuse est annoncé et connu à Nogent. Louise en tombe malade.

Le jour de la vente des biens des Arnoux, Mme Dambreuse emmène Frédéric à la vente en prétextant le hasard. Contre l’avis de Frédéric, elle achète le coffret personnel de Mme Arnoux. Quand ils vont monter en voiture, Frédéric ferme la porte et s’en va de son côté.

Le surlendemain, il repart pour Nogent prêt à retrouver Louise. Quand il arrive à Nogent, il voit sortir de l’église deux mariés, c’est son ami Deslauriers qui épouse Louise. Il retourne à Paris où l’on se bat dans les rues.

Là, il voit Dussardier se faire tuer par un agent. L’agent est leur ami Sénécal.

Alors il voyage et fréquente le monde.

En 1867, une femme entre dans son cabinet, c’est Mme Arnoux. « Frédéric soupçonna Mme Arnoux d’être venue pour s’offrir ; et il était repris par une convoitise plus forte que jamais, furieuse, enragée. Cependant, il sentait quelque chose d’inexprimable, une répulsion, et comme l’effroi d’un inceste. Une autre crainte l’arrêta, celle d’en avoir dégoût plus tard. D’ailleurs, quel embarras ce serait ! – et tout à la fois par prudence et pour ne pas dégrader son idéal, il tourna sur ses talons et se mit à faire une cigarette. »

Le soir même, Mme Arnoux repart en Bretagne où elle vit avec son mari.

Plusieurs années après, Frédéric retrouve Deslauriers, ils échangent sur leurs anciennes relations. Ils résument ainsi leurs vies : « Ils l’avaient manquée tous les deux, celui qui avait rêvé l’amour, celui qui avait rêvé le pouvoir. Quelle en était la raison ?

— “C’est peut-être le défaut de ligne droite”, dit Frédéric.

— “Pour toi, cela se peut. Moi, au contraire, j’ai péché par excès de rectitude, sans tenir compte de mille choses secondaires, plus fortes que tout. J’avais trop de logique, et toi de sentiment.”

Puis, ils accusèrent le hasard, les circonstances, l’époque où ils étaient nés. »

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